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16. Changement d'échelle
Le jardin japonais, notamment dans le choix des pierres,
recourt constamment au changement d'échelle, pour déjouer
les limites physiques tout en exprimant le relief, la climatologie
et les milieux naturels propres au Japon.
Mais voir là un simple exercice de miniaturisation serait une erreur.
L'esprit, absorbé par la cascade, y verra une chute impétueuse.
Et une simple pierre dressée lui fera éprouver la masse de la falaise plongeant dans l'océan.
Le créateur d'un jardin japonais peut passer des jours à trouver la pierre qui convient à ses desseins.
Celle qui, soumise au soleil, à la pluie et à la neige, subira le plus grand nombre de métamorphoses visuelles, pour marquer le passage du temps - mais qui résistera longtemps à la douce invasion des mousses, pour exprimer la pérennité.
Celles avec lesquelles il créera des montagnes et des îles, ou la colline que dévaleront chute et cascades.
Celles dont il tapissera le lit d'un ruisseau-rivière, les berges d'un étang-lac, la plage de galets d'un étang-océan.
Celle, pulvérisée, que le râteau sculptera en ondes sinueuses, telle une eau mouvante.
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