La religion en Nouvelle-France
La vie spirituelle en Nouvelle-France passe d'abord par l'arrivée des ordres religieux dès la première moitié du XVIIe siècle: jésuites, récollets, sulpiciens, ursulines, sœurs grises, dames de la Congrégation. Si la conversion des peuples autochtones au christianisme les préoccupe de manière particulière, ces missionnaires étendent rapidement leur influence aux secteurs de l'éducation et des soins aux malades. À partir de 1674 la donne change lorsque Mgr de Laval est désigné premier évêque de Québec. Sa nomination vient du roi et, à ce titre, il lui doit une totale obéissance. L'une de ses premières réalisations est de créer une série de paroisses, sorte d'institutions juridiques. C'est cette structure qui servira de fondement à l'administration religieuse mais également à la gestion du civil et du militaire. À la fin du régime français on en comptera plus d'une centaine. À la tête de cette paroisse siège le curé qui doit célébrer les offices, présider la Fabrique, tenir les registres d'état civil et, en l'absence de personnes compétentes, rédiger des contrats de mariage et des testaments. Il doit également prier pour le roi, le seigneur et sa famille. Le paroissien est tenu d'entretenir son curé; cela se fait par le truchement de la dîme. Afin d'asseoir l'autorité du curé, chaque paroissien est assujetti à un code de pratique religieuse qui prévoit tout. D'abord, chaque nouveau-né doit obligatoirement être baptisé afin d'entrer dans l'Église catholique. Cela doit se faire dans les jours qui suivent la naissance.
Vers l'âge de douze ans, l'enfant reçoit l'Eucharistie pour la première fois. La confession, au moins une fois l'an, est également requise. Dans les cas de fautes majeures, le confesseur peut imposer des pénitences publiques. L'année est ponctuée de journées où l'on doit faire pénitence, soit en évitant la viande, soit en pratiquant le jeûne qui ne permet qu'un repas par jour. De même, en plus du repos obligatoire le dimanche, plus d'une trentaine de fêtes religieuses imposent l'inaction aux paroissiens. Le mariage et le décès sont enfin les deux derniers rites qui font l'objet d'un code de procédures très élaborées. On voit donc que la religion en Nouvelle-France occupe une place centrale. Le nombre de jours dans l'année consacrés à la pratique religieuse a de quoi surprendre. L'Etat se fera l'allié de cette église triomphante en y voyant, à juste titre, le gage d'une certaine stabilité sociale.
Le deuxième évêque de Québec, Monseigneur Jean-Baptiste de Saint Vallier, meurt le 26 décembre 1727. Ce même jour, les chanoines du Chapitre de Québec choisissent le curé de Québec, Étienne Boullard, comme vicaire capitulaire. L'intendant de la Nouvelle-France, Claude-Thomas Dupuy, et le Conseil Supérieur sont d'un autre avis et refusent de reconnaître Boullard, alléguant que le Chapitre de Québec n'a aucun pouvoir de nomination. Le 2 janvier suivant, journée précédant les funérailles prévues de l'évêque, Dupuy se rend à l'Hôpital Général en compagnie des membres du Conseil Supérieur, fait fermer les portes et procède à l'inhumation de Mgr de Saint Vallier. Quand il apprend cette nouvelle, Boullard jette l'interdit sur l'Hôpital Général et dépose la supérieure Geneviève Juchereau Duchesnay de Saint-Augustin. La querelle éclate. Boullard est condamné à mille livres d'amende par le Conseil supérieur et ses pouvoirs sont restreints. En réponse, Boullard multiplie les actes d'autorité et les menaces d'excommunication. L'incident prend une ampleur insoupçonnée, dégénérant en un virulent conflit de juridiction opposant Boullard et le Chapitre de Québec au Conseil supérieur et à l'intendant. Ces derniers soutiennent la nomination d'Eustache Chartier de Lotbinière comme vicaire capitulaire. Malgré la nomination du capucin Duplessis de Mornay en mai 1728 comme troisième évêque de Québec, la polémique continue. Ce n'est qu'en septembre 1728 que le roi tranche: Dupuy est révoqué, les amendes et les saisies sont annulées et le Chapitre est sévèrement blâmé. Chartier de Lotbinière prend possession du siège épiscopal au nom de Mgr Duplessis de Mornay qui ne viendra jamais en Nouvelle-France1. | |||||||
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