La religion à la fin du XIXe siècle
Au chapitre des statistiques, un recensement effectué en 1871 révèle que 85% de la population québécoise est d'obédience catholique. Le 15% restant regroupe les diverses confessions réformées et la religion juive. De plus, il est à considérer que les églises protestantes se concentrent essentiellement dans la région de Montréal. Au plan idéologique, cette période est marquée par un clivage entre l'attitude de l'Église catholique et une certaine classe dirigeante. Depuis la Conquête, le clergé jouit d'un préjugé favorable chez les décideurs politiques; il est en quelque sorte garant d'une certaine cohésion sociale. Avec le XIXe siècle, une certaine élite dite libérale développe un nouveau credo calqué sur ce qui se fait en Europe et qu'on a appelé le libéralisme. Les tenants de cette doctrine prônent une séparation de l'Église et de l'État, sont résolument tournés vers les progrès scientifiques qui accompagnent la phase d'industrialisation que connaît le pays et tendent à faire le partage entre nationalisme et race. En réaction, l'Église catholique élabore une idéologie appelée ultramontanisme qui, en gros, proclame que l'État doit être soumis à l'autorité de l'Église. Le dernier quart du XIXe siècle marque le triomphe de cette pensée. Afin de préserver ses acquis, l'Église cherche à étendre son pouvoir sur le plan politique en intervenant directement dans le processus électoral. Afin de véhiculer ses idées, elle lance des journaux comme Mélanges religieux ou la Vérité.
En fait, cette fin de siècle voit apparaître un prolétariat urbain provoqué par l'exode des Canadiens français qui ne trouvent plus dans les campagnes surpeuplées de quoi assurer leur existence. Ainsi, de 1851 à 1900, la population urbaine passe de 20% à 40% du total de la population. Certains, par contre, iront tenter leur chance aux États-Unis - ils seront plus de 500 000 à risquer l'aventure - dans l'espoir de revenir au Québec un jour. D'autres, finalement, choisissent d'aller ouvrir de nouveaux territoires de colonisation. C'est donc sur cette trame sociale que se développe l'idéologie ultramontaine. L'Église réussit à imposer son contrôle sur l'appareil politique. Toutes les réponses sont fournies par la doctrine de l'Église. Les changements qu'apporte le monde moderne ne font que distraire l'homme de la parole divine qui, elle seule, peut maintenir l'ordre; et ce n'est pas un hasard si l'agriculture est présentée comme un gage de prospérité. Le succès de cette doctrine est notamment attribuable au fait qu'elle embrasse la cause du patriotisme canadien-français : la survie de la race passe par le triomphe de l'Église. En cette fin de siècle, religion et nation sont indissociables. Les lettres d'Antoine Labelle regroupées sous ce thème portent sur la religion et la foi catholique de même que sur ses relations difficiles avec Mgr Édouard-Charles Fabre, archevêque de Montréal. | |||||
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