Au XIXe siècle, peu de Montréalais participent activement à la vie politique. D’abord, le maintien du cens électoral constitue un obstacle de taille. En 1874, un aspirant maire doit posséder des biens d’une valeur minimale de 4 000$, soit l’équivalent de dix années de salaire d’un ouvrier qualifié! De plus, bien qu’en 1860 les locataires contribuables aient finalement obtenu le droit de vote, plusieurs conditions en limitent l’exercice. En vertu de la loi, seuls ceux qui ont payé leurs taxes avant le premier janvier de l’année et acquitté la corvée (impôt annuel d’un dollar pour qui ne paie que la taxe d’eau) peuvent se prévaloir de leur droit.
Les heures d’ouverture des bureaux de vote contraignent aussi les électeurs. À l’époque, les ouvriers travaillent en moyenne douze heures par jour; il leur est donc souvent difficile, parfois impossible, de se présenter sur les lieux du scrutin.
À l’inverse, à partir de 1867, les citoyens bien nantis sont nettement favorisés. Ils peuvent voter dans leur quartier de résidence et dans ceux où ils possèdent des biens immobiliers. En outre, les gens qui occupent une place d’affaires d’une certaine valeur obtiennent le droit de vote.