La démocratie à Montréal de 1830 à nos jours / ExpositionLa démocratie à Montréal de 1830 à nos jours / Exposition

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La structuration du système électoral

En 1852, on modifie substantiellement cette façon de procéder. Les élections revêtent plus d'importance puisque, désormais, le maire est choisi par l'ensemble des électeurs.

Jusque-là, la municipalité louait une résidence afin que le Conseil puisse y tenir ses réunions. En 1852 toujours, elle installe l'hôtel de ville au premier étage du marché Bonsecours. Un marché occupe le rez-de-chaussée.

À la même période, une procédure de mise en candidature est élaborée et des assemblées d'investiture sont organisées dans chaque quartier. Au jour fixé, à dix heures du matin, les citoyens se réunissent et présentent les candidats de leur choix à l'aide d'une requête écrite. Lorsqu'une seule personne est proposée pour combler un poste, elle est automatiquement élue; si plusieurs sont en lice, on enregistre officiellement les candidatures. Voici en quels termes soixante-dix-sept citoyens du quartier Est formulaient leur requête à monsieur Romuald Trudeau :

A.R. Trudeau, Ecuier
Monsieur,

Nous Sous signés, ELECTEURS du QUARTIER EST, vous sollicitons respectueusement de vous laisser porter comme notre représentant dans le Conseil de Ville, aux prochaines élections municipales, et nous nous engageons à enregistrer nos votes en votre faveur et à user de notre influence pour assurer votre élection.

Fréquemment, les assemblées d'investiture prennent l'allure de véritables campagnes électorales. Les candidats profitent de la tribune pour se faire connaître et prononcer leurs petits discours. Les séances de mise en candidature à la mairie attirent les foules. Les journaux rapportent que des centaines, parfois des milliers de personnes viennent à l'hôtel de ville soutenir le candidat de leur choix. Très souvent, les gens interpellent les aspirants et les échanges vont bon train. Il n'est pas rare que ces rassemblements dégénèrent en bagarre, voire en émeute.

Les élections se déroulent «...entre neuf heures du matin et quatre heures de l'après-midi, depuis le 15e jour du mois de février jusqu'au jeudi qui interviendra entre le premier et le second lundi du mois de mars de chaque année ». Durant ce temps, les citoyens se procurent un certificat auprès du greffier. Ils y inscrivent les noms des candidats qu'ils souhaitent élire aux postes de maire et de conseiller, puis déposent ce bulletin de vote avant la lettre dans la boîte désignée pour leurs quartiers respectifs. Le greffier enregistre le nom de l'électeur et la date de dépôt du certificat.

À l'issue des élections, le bureau des réviseurs (composé du maire et de quatre conseillers) se réunit et dépouille les votes. Afin de prévenir toute manoeuvre frauduleuse, chacune de ces boîtes est fermée par autant de serrures qu'il y a de réviseurs!

L'annonce des résultats donne lieu à des manifestations spontanées. En défilés, les gens vont acclamer les élus à leur résidence.

En dépit de ces nouvelles procédures, les irrégularités perdurent et les démonstrations de violence demeurent d'actualité. Au moment du scrutin, les citoyens n'ont pas à prouver leur identité. Dès lors, plusieurs votent sous un nom d'emprunt en utilisant les certificats d'autres électeurs. Souvent, des groupes se rassemblent aux abords de l'hôtel de ville ou des bureaux de scrutin, afin d'intimider les électeurs. Les officiers d'élection ne font pas toujours preuve de zèle ou d'autorité.

La charte comprend pourtant quelques dispositions qui réglementent les manifestations partisanes. Ainsi, il est interdit d'afficher ses préférences par le port d'un pavillon, d'un ruban ou d'une cocarde. De plus, toute personne ayant en sa possession »...canne, bâton, gourdin, assommoir, manche de hache...« peut être arrêtée à vue et détenue pour la durée du scrutin. Toutefois, il semble que trop peu de policiers soient sur place pour empêcher les batailles, voire une émeute, d'éclater.


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