Pendant près d’un siècle,
Montréal se trouve au cœur d’un empire à la fois commercial et politique qui
couvre une grande partie du continent nord-américain. À la tête d’un réseau de
traite des fourrures dont les besoins stimulent l’expansion territoriale,
Montréal représente un point névralgique pour cet empire français d’Amérique.
La traite des fourrures et l’expansion territoriale
L’intervention militaire française de 1665-1666 permet la reprise de la
traite sur une grande échelle. Des marchands s’associent à des voyageurs :
les premiers fournissent l’équipement et les marchandises d’échange,
importées de France, et les seconds vont faire la traite dans les pays d’en
haut, avec des engagés chargés du transport, et ramènent à Montréal les
peaux de castor. À compter de 1681, ces expéditions nécessitent des permis
de traite émis par le gouvernement.
La ressource s’épuise rapidement et les voyageurs doivent se rendre
toujours plus loin, d’abord dans la région des Grands Lacs, puis dans la
vallée du Mississipi et, ensuite, dans ce qui deviendra la Prairie
canadienne. Une telle expansion appelle l’établissement de postes de traite
permanents et de forts dotés d’une garnison qui assurent le contrôle de la
région au nom du roi de France. La concurrence des marchands anglais
s’exerce au sud, par la colonie de New York, et au nord, par la Compagnie de
la baie d’Hudson.
Au sein de la colonie, la concurrence existe bien sûr entre marchands,
mais elle vient aussi des administrateurs coloniaux de Québec, qui
participent secrètement au commerce, et des officiers commandant les
garnisons de l’Ouest.
Montréal est le centre organisateur du commerce des fourrures. Sans
entraîner une forte croissance de la ville, celui-ci fait néanmoins vivre le
tiers de la population active et exerce une fascination sur les jeunes gens
de la région, dont plusieurs deviennent engagés pour quelques saisons avant
de s’établir sur une terre et d’y fonder une famille. L’appel de l’Ouest
reste fort et l’attrait de l’aventure marque de façon distincte la mentalité
montréalaise.
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