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Jean Drapeau, entre la modernité et la tradition

Au cœur des années 1960, la composition du Comité exécutif est plus homogène.  De là, on observe une meilleure cohésion, ce qui favorise la stabilité et l’efficacité du gouvernement urbain.  Drapeau devient le véritable dirigeant de l’administration montréalaise, tout en travaillant en étroite collaboration avec le président du Comité exécutif.  Cette façon de procéder conduit vers un mode de direction en tandem, une expression consacrée à l’époque et jamais démentie par la suite.

Tout au long de sa carrière, Jean Drapeau a su s’entourer d’administrateurs compétents.  En 1962, il forme un premier tandem avec Lucien Saulnier, l’un des membres fondateurs du Parti civique.  Entré au Conseil municipal en 1954, Saulnier y dirige les conseillers de la Ligue d’action civique jusqu’en 1960.  Il acquiert ainsi une solide expérience de la vie politique municipale.

Drapeau souhaite donner de l’envergure à Montréal et étendre son rayonnement à travers le monde.  Il encourage d’abord la croissance du centre-ville, qui se transforme et se modernise de façon surprenante au cours de la décennie 1960.  En 1966, le métro est inauguré.  L’année suivante, l’Exposition universelle de Montréal accueille des visiteurs de tous les continents.

Ces grandes réalisations ont une influence heureuse sur la ville, et Jean Drapeau jouit d’une popularité inégalée.  Au cours de cette période, sa carrière politique atteint son apogée.  Cet homme au leadership autoritaire rassure et fait franchement figure de héros.

En contrepartie, son administration fortement centralisée appauvrit la démocratie.  Le nombre de conseillers municipaux indépendants diminue considérablement.  Du tiers des élus en 1960, ils ne sont plus que six en 1962, que trois en 1966.  Le taux de participation électorale demeure relativement bas : à peine trente pour cent en 1966, soit dix pour cent de moins qu’au début de la décennie.

L’organisation du Parti civique, club sélect qui ne réunit que les conseillers élus et leur chef, est en partie responsable de cette détérioration.  N’y entre pas qui veut : Jean Drapeau en recrute lui-même les membres, en majorité des administrateurs et des commerçants.  Ce mode de recrutement oblige un fonctionnement très hiérarchisé.  L’absence de militants renforce le caractère relativement secret de cette formation.  La règle de l’unanimité prévaut, tant au sein du Comité exécutif qu’à celui du Conseil.  Tout débat est donc exclu.  Dans ces circonstances, la population se désintéresse des assemblées du Conseil.

Dans les années 1970, le vent commence à tourner.  Des mouvements d’opposition s’organisent.  L’augmentation vertigineuse des coûts de construction des installations olympiques crée un malaise dans la population.  À l’été 1976, l’ouverture de la XXIe olympiade, une autre réalisation majeure de Jean Drapeau, ranime temporairement l’enthousiasme des années 1960.

           
           

 


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