Parallèlement à l’établissement graduel de la Confédération canadienne, le marché intérieur du Canada s’agrandit et sa production manufacturière le libère de certaines importations.
Grâce au chenal creusé dans le fleuve entre Québec et Montréal, les océaniques se rendent au port. Les chemins de fer du Grand Tronc couvrent le sud du Québec et de l’Ontario; celui du Canadien Pacifique traverse le pays et atteint Vancouver. Les banques montréalaises et leurs succursales se multiplient.
L’industrie manufacturière émerge. L’industrie légère emploie une main-d’œuvre abondante, peu qualifiée, formée surtout de Canadiens français. L’industrie lourde fait appel à une main-d’œuvre plus qualifiée, mieux payée, majoritairement d’origine britannique.
La zone du canal de Lachine illustre bien le nouveau paysage industriel. Les ateliers du Grand Tronc s’y trouvent, ainsi que des usines de machinerie, des filatures et une raffinerie de sucre; leurs employés habitent les rues avoisinantes. Une concentration semblable se dessine dans l’est, avec les fabriques de chaussures, la brasserie Molson, l’usine textile Hudon et les ateliers du Canadien Pacifique. Au nord du centre-ville se développera l’industrie du vêtement.
Les heures de travail sont longues et les conditions, pénibles. Les revenus sont très bas, en particulier pour les ouvriers peu qualifiés, dont les enfants se retrouvent aussi sur le marché du travail. Les mères de famille doivent accepter des travaux à domicile ou prendre des pensionnaires.
Le chômage saisonnier fait partie de l’univers des ouvriers du port, des transports et de la construction. Les travailleurs les plus qualifiés s’intéressent à la syndicalisation, mais l’amélioration des conditions de travail est encore modeste. La famille ouvrière moyenne vit dans un climat d’insécurité. La maladie est fréquente et la mortalité des nouveau-nés très élevée.
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