Vers 1866, les Canadiens français redeviennent majoritaires à Montréal. La ville a cependant une allure britannique, dans ses institutions, dans son architecture et dans le rôle prédominant de la langue anglaise.
Le poids et l’influence de la grande bourgeoisie anglo-écossaise se font particulièrement sentir. Ses membres accumulent d’immenses fortunes, contrôlent des entreprises d’envergure canadienne et entretiennent d’étroites relations avec la Grande-Bretagne. Le Board of Trade est le porte-parole très écouté de cette classe dominante.
Chez les Canadiens français, une nouvelle bourgeoisie se forme. Ses membres dirigent des entreprises importantes à l’échelle montréalaise, dans le commerce de gros et l’industrie manufacturière. Ils créent de nouvelles institutions financières ainsi que la Chambre de commerce du district de Montréal.
En politique municipale les Canadiens français qui prennent le pouvoir dans les années 1880 pratiquent une politique populiste. Sous l’étiquette réformiste, les conseillers anglophones de la grande bourgeoisie dénoncent le favoritisme.
L’emprise du clergé catholique s’accentue et les paroisses se multiplient, de même que les œuvres sociales et éducatives.
Il y a donc à Montréal deux univers distincts, séparés par la langue et la religion. Entre les deux s’insère la communauté irlandaise, un pied dans le monde anglophone et l’autre dans l’univers catholique. La communauté juive, que distinguent aussi la langue et la religion, se renforce dans les années 1880 avec l’arrivée d’une vague d’immigrants.
Malgré ce cloisonnement, les échanges sont nombreux. À certains moments, les solidarités ethniques ou religieuses prévalent, alors qu’à d’autres, les solidarités sociales prédominent.
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