Ces débats autour de la moralité amènent de nouveaux enjeux. Jusque-là, des équipes formées en périodes électorales animaient la vie politique. Mises en place pour favoriser l’élection de certains candidats, elles n’avaient toutefois pas de programme et ne s’engageaient aucunement à défendre des idées.
Durant les années 1950, les premières formations politiques municipales s’organisent. Fin janvier 1951, les principaux membres du Comité de la moralité publique fondent la Ligue d’action civique. Ses objectifs : «nettoyer la ville» et assainir l’administration municipale. Conseiller municipal de longue date, Pierre DesMarais est nommé président. Aux élections de 1954, la Ligue présente trente-quatre candidats. Trois thèmes dominent la campagne électorale : l’habitation, le transport en commun, la circulation.
En octobre 1954, la Ligue fête une belle victoire. Non seulement fait-elle élire vingt-huit de ses candidats, mais Jean Drapeau, l’aspirant maire, remporte les suffrages. Pierre DesMarais gagne la présidence du Comité exécutif. Cependant, trop peu de représentants de la Ligue siègent au Conseil municipal pour imposer réellement leurs points de vue. Par contrecoup, l’entreprise des réformes envisagées est souvent paralysée.
Quelques mois à peine avant les élections d’octobre 1957, Lucien Croteau, membre du Comité exécutif, et trente-quatre conseillers municipaux mettent sur pied le Ralliement du Grand Montréal (RGM). Cette formation a l’appui des milieux juifs et anglophones. Ancien député fédéral, le sénateur Sarto Fournier se présente comme candidat à la mairie.
Le Ralliement fait campagne en faveur d’un gouvernement métropolitain. Il promet de régler les problèmes posés par l’organisation des services et du transport sur l’ensemble du territoire montréalais.
Sarto Fournier défait Jean Drapeau avec quelques milliers de voix de majorité. Par contre, le RGM ne fait élire qu’une vingtaine de conseillers au Conseil municipal, soit treize de moins que la formation du maire sortant. Cette année-là, le Ralliement du Grand Montréal remporte la seule victoire de sa courte existence.