Dans les années 1950, la population manifeste un regain d’intérêt pour la politique locale. Malgré le vent conservateur qui souffle sur l’époque dominée par le premier ministre québécois Maurice Duplessis, plusieurs éléments présagent des transformations décisives qui surviendront à la décennie suivante. En 1949, soit vingt-huit ans après la création du Comité exécutif, le maire obtient enfin le droit d’y siéger. Cette étape pose les jalons de la formation des partis politiques municipaux.
À l’aube des années 1950, l’administration municipale est sur la sellette. Dans une série de reportages publiés par le quotidien Le Devoir de novembre 1949 à février 1950, puis réunis dans une brochure intitulée Montréal sous le règne de la pègre, l’avocat Pacifique «Pax» Plante attaque l’intégrité du service de police. Preuves à l’appui, Pax Plante accuse les policiers de corruption et de complicité d’une série d’activités illégales.
La nouvelle a l’effet d’une bombe. Depuis longtemps, maints groupes demandent une révision en profondeur du service en question, et ils saisissent la balle au bond. Le 19 mars, des représentants de trente-cinq associations montréalaises, tous issus du monde des affaires, de l’univers professionnel et des milieux syndicaux, fondent le Comité de la moralité publique. Cela fait, ils réclament une enquête publique sur les agissements de la police. À titre de procureurs des associations, Jean Drapeau et Pax Plante formulent une requête officielle de … mille quatre-vingt-quinze pages!
Le 11 septembre 1950, la Commission d’enquête, présidée par le juge François Caron, ouvre ses audiences. L’enquête porte essentiellement sur la conduite des policiers au cours de la décennie qui vient de s’écouler. Par ailleurs, elle met en cause plusieurs membres du Comité exécutif. Le rapport Caron, rendu public le 8 octobre 1954, comporte près de cinq mille chefs d’accusation, lesquels impliquent principalement une soixantaine d’officiers du corps policier.